Une longue nuit mexicaine

UNE LONGUE NUIT MEXICAINE

« Personne avant Capa, Taro et Chim n’avait osé prendre des photos d’un combat en cours. »

« Personne avant Capa, Taro et Chim n’avait osé prendre des photos d’un combat en cours. »

Isabelle Mayault

Résumé

Ce premier roman se déroule en trois parties. Chacune aborde non pas une période de vie d’une manière chronologique mais les protagonistes d’une histoire qui va se dérouler sur près de  soixante-dix ans. Ils ont tous, de près ou de loin, contribuer à créer, protéger, transmettre puis dévoiler l’énigme du roman, savoir une valise contenant « des bobines et des poignées de négatifs ayant appartenu à trois photographes partis couvrir la guerre d’Espagne » : Chim, Gerda Taro et Robert Capa.

« C’est trois-là ont inventé un métier. »

Jàmon, le narrateur, est aussi le cousin de Greta dont on apprend la mort dès la première page. Il est le dépositaire de la valise après la mort de sa cousine qui l’avait elle-même reçue de sa mère Maria. Elle l’avait emmenée avec elle au Mexique lors de sa fuite d’Espagne. Le lecteur au travers des différents personnages remonte le temps. Il découvre au fur et à mesure des pages par quel miracle Jàmon en est aujourd’hui responsable.

« Ces histoires venaient comme de par-dessus l’océan, d’une époque lointaine, et le lien entre eux et notre famille ne m’apparaissait pas clairement »

A travers le temps et l’histoire

On parcours alors la vie de plusieurs personnages sur fond de guerre d’Espagne, la « guerre des écrivains » : Greta d’abord, puis Maria, sa mère, ensuite Olivia, l’artiste qui reçoit la valise des mains du photographe Chim. Viennent ensuite Mireille, la femme de Jàmon, et Francis Blanche, l’historien de l’art. Enfin Désirée Wonton, photographe et émissaire de Cornell Capa, le frère du célèbre photographe fondateur de l’agence de photographique éponyme.

Le secret entoure l’existence de ces clichés pendant des décennies. Même Jàmon ne va jamais chercher à en parler ou à en savoir plus. Les clichés sont là chez lui dans son armoire. Une seule fois il en parlera à Francis Blanche, un historien d’art rencontré lors d’un vernissage, mais étrangement jamais il n’abordera le sujet avec sa femme. Francis Blanche qui connaît le frère de Robert Capa, Cornell, tente de savoir où sont les clichés mais Jàmon ne donnera pas suite.

Olivia, le lien

L’élément déclencheur c’est Olivia. Elle a bien connu Chim à Paris puis à Madrid quand ils étaient jeunes, attirés par la « guerre des écrivains ». Une rétrospective des oeuvres d’Olivia est organisée, Jàmon l’apprend dans la presse. Il lui écrit ; ils prévoient de se rencontrer. Peu de temps après, sans avoir eu le temps de la voir pour lui parler de la valise, il apprend sa mort à l’âge de cent ans. Cette disparition va inciter le professeur d’histoire de l’art et Cornell Capa de « relancer la machine », en clair de recontacter Jàmon.

Désirée est photographe, elle se rapproche de Jàmon en lui disant qu’elle souhaite rédiger un article sur son dernier film. En fait, c’est Francis Blanche et Cornell Capa qui lui demandent de convaincre Jàmon de lui révéler l’emplacement des clichés. Cette fois Jàmon se laissera faire, n’a-t-il pas accompli sa mission maintenant ? N’est-il pas temps de révéler son existence ? Désirée reviendra plusieurs fois chez lui pour établir l’inventaire des clichés en vue de leur exposition à New York.

« J’avais envie de me rouler dans l’herbe, de sauter dans l’eau froide. Cette femme me faisait rire, mieux: cette femme me mettait à l’aise. »

Le secret

La rencontre entre Jàmon et Cornell Capa élucidera le mystère de la valise. En temps de guerre, il est préférable que les proches ne soient pas informés de l’existence d’un objet d’une telle importance. Les négatifs ne devaient pas être découverts « trop tôt, et par la mauvaise personne ».

Avis

Il faut reconnaître que ce premier roman est très bien écrit. La construction de histoire n’est pas banale non plus et pourtant le lecteur en connaît la fin. Tout est crédible et bien structuré avec un zeste d’intrigue qui pousse à en savoir plus, à poursuivre la lecture. Fruit de l’imagination de l’auteur, Une longue nuit mexicaine permet de redécouvrir l’histoire de la mystérieuse valise mexicaine qui a déjà fait l’objet d’une exposition itinérante aux E.U. et en Europe. Même si l’autrice brouille les pistes entre la réalité et la fiction, il n’en reste pas moins que Chim, Tago et Capa ont bien créé un nouveau genre: le reportage de guerre ou plus exactement le photojournalisme.

Une longue nuit mexicaine est le premier roman d’Isabelle Mayault publié aux éditions Gallimard, Paris, 2019, 266 p, ISBN 978-2-07-280212-6

L’exposition La valise mexicaine. Pour en savoir plus : France Inter

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